LE REFUS D’OBTEMPERER NE DOIT PLUS JAMAIS SE TERMINER PAR LE DROIT DE TUER

Hem, Roubaix, Mons, Wattrelos, Valenciennes et d’autres villes des Hauts de France ont été le théâtre de réactions violentes à la mort de Nahel, tué à Nanterre le 27 juin dernier.

Les images de chaos sont éprouvantes pour toutes et tous. Notre désolation est grande de découvrir ce matin au réveil le nombre de bâtiments publics réduits en cendres.  Ils sont précieux pour les habitantes et les habitants les plus fragilisés d’entre eux, victimes de la double peine : celle de voir leurs enfants tués par les bavures policières et celles de réactions violentes de leurs quartiers.

Au-delà de l’émotion considérable provoquée par la vidéo du moment tragique, la colère a cédé la place. Cette colère est mauvaise conseillère. Nous appelons sans réserve à l’apaisement dans nos quartiers, cependant, sans justice et sans vérité, il n’y aura pas de paix.

Nous mesurons l’indignation morale des jeunes. Ils sont allés au-delà des révoltes habituelles liées aux décès d’une jeune dans un quartier et qui mobilisent les copains. Ils expriment leur mal-être. Nous appelons le gouvernement à entendre ce mal profond vécu par une partie des nôtres.

Pour que plus jamais un tel drame ne puisse voir le jour, une profonde révision de l’institution policière est nécessaire. En première intention, nous demandons l’abrogation de l’article L 435-1 de la loi Cazeneuve. Les interprétations du texte insécurisent tant les policiers que celles et ceux qui ont besoin de leur protection. Notre pays doit s’interroger sur sa politique du maintien de l’ordre.

Ce que nous constatons, c’est que les violences urbaines se produisent quand l’état se désengage. Le fondement de notre modèle républicain est à l’épreuve du chômage et des discriminations, ce que vivent les habitants des quartiers populaires.

« Il y a trois sortes de violence. La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d’hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés.
La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première.
La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant l’auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres.
Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue. »

Dom Helder Camara

Karima Chouia conseillère municipale à Hem, Porte-Parole EELV Nord Pas de Calais, Céline Scavennec, conseillère départementale du Nord, habitante de Mons, et Ali Rahni, militant roubaisien – Emilie Ducourant, Porte-Parole EELV Nord Pas de Calais

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